Going Underground, punk américain 1979-1992, chronique Nasty Samy, Jazz Mayhem n°8, septembre 2010

GOING UNDERGROUND – punk américain 1979-1992
GEORGE HURCHALLA

par Nasty Samy, JAZZ MAYEM n°8, sept. 2010

« …Bon je me rend compte que c’est toujours les mêmes références/noms qui reviennent, hein Mike…. Bah, que veux-tu que je te dise… GOING UNDERGROUND !

Je me suis enfilé pas mal de bouquins ces dernières semaines, comme pour la zique, ça occupe pendant les dizaines d’heures de trajet en voiture… on se repasse le volant toutes les 2 ou 3 heures, et quand je suis assis sur la place du mort, je croque les pages… Mais juste avant de décoller, je me suis empressé de lire deux livres que je m’étais mis de côté… 

GOING UNDERGROUND « Punk américain 79-92 », sa taille et son poids, tout simplement monstrueux, m’interdisaient de le mettre dans ma valise. Gros marathon avant le jour -J-, chaque soir avant de me coucher, je me suis goulûment envoyé quelques chapitres, tournant les pages en mode accéléré… une course contre la montre qui m’a permis de refermer le book la veille du départ. Passionnant ! Le sujet a déjà été traité des milliards de fois, l’âge d’or du hardcore américain, de la fin des 70s au début des 90s… Mais là, l’angle est un peu différent… Bien sûr on n’échappe pas à la genèse du mouvement qui a profilé et structuré ce qu’allait devenir le punk et sa branche hardcore, typiquement américain, réponse aux quelques années de monopole en la matière par les anglais… Black Flag, Dead Kennedys, DOA, Bad Brains, Minor Threat, blah blah blah tu connais l’histoire autant que moi, la scène foutraque et éclatée de LA qui a façonné le courant à l’Ouest, et la scène plus disciplinée et organisée de Washington qui a donné le ton  à l’Est… sauf que l’auteur a eu la bonne idée d’y inclure des éléments autobiographiques, ça rend le récit un peu moins didactique, plus vivant, et qu’il a eu l’intelligence de pointer sa lanterne sur les scènes et les Etats auxquels ce genre d’ouvrages ont toujours eu tendance à occulter les activités… ouais, il y a eu des agités partout, au Texas, dans le Midwest, en Floride, dans le Sud profond, dans le Nord paumé, etc… un mouvement national qui s’est propagé comme un feu de forêt en plein été sur la côte d’Azur, des dizaines et des dizaines de groupes obscurs qui ont pourtant apportés leur petite pierre à cet énorme édifice, imposant, massif et inébranlable… un style qui deviendra en seulement quelques années un standard quasi international, un style à part entière, presque un mode de vie et de pensée.

Une lecture très agréable, les pages sont noircies d’informations biographiques sur les groupes et leurs musiciens, de photos témoignages de cette époque, de flyers, de posters, de visuels de 7’, etc… Un super document, bien structuré et original dans le traitement, dont le ton léger contrecarre parfois l’approche trop journalistique et informative de ce genre d’entreprise. Hurchalla n’est guidé que par la passion et l’énergie que cette musique lui a insufflée… c’est un produit de son époque, il a été changé à tout jamais par cette contre-culture, il l’a vécue de l’intérieur et été façonné selon ses préceptes. On regrettera seulement quelques absents – puisqu’on doit faire avec les goûts personnels de l’auteur – il évite les styles auxquels il a plus de mal à s’identifier (en règle générale, tout le courant tough, New York en particulier et une bonne partie de la scène du Nord-Est) et effleure seulement le mouvement straight-edge. On sent qu’il aime son punk rock complètement décomplexé et frondeur, basique, spontané et même un poil arty…  bref, plus Germs qu’Agnostic Front (preuve d’un certain bon goût quand même). Complet et original, Going Underground est un bon supplément aux bibles du genre qui ont défloré le terrain ces quinze dernières années, un ouvrage qui trouvera parfaitement sa place entre le classique « American Hardcore » et l’obligatoire  « This band could be your Life ». Une initiative lumineuse que l’on doit à l’éditeur français Rytrut qui a eu la bonne idée, ainsi que le courage, de le traduire en français et de le distribuer dans notre morne pays.

D’ailleurs, cette petite boîte d’édition continue dans sa lancée puisqu’elle planche sur le projet de traduction de la biographie de Joey Shithead, un de mes héros ! Talk-Action = Zero, formule de politesse que je me suis fait tatouer sur le poignet il y a quelques mois…c’est à lui qu’on la doit ! Merci chef ! Coïncidence, je viens juste de terminer ce livre (sa version en anglais)… l’histoire chaotique et passionnante de DOA, un des premiers groupes punk du continent Nord Américain (from Canada) à avoir émergé et posé ses amplis dans tous les bouges du territoire. Encore un livre que je conseille à tous ceux qui aiment les contes pour grands enfants, surtout quand c’est narré par un gazier qui a  participé à la construction de l’édifice… il trône sur les mêmes marches que Biafra, Rollins, McKay, Ginn et compagnie… Le parfait exemple d’un groupe à la carrière impeccable, bien que sacrément agitée et parsemée d’embûches. Tournées marathons, débrouillardise avec les moyens du bords, altercations avec les flics, alcool à gogo, public dangereux, trajets en van pourris, deals foireux avec les maisons de disques, changement de line-up incessants, ce groupe a connu les balbutiements du punk rock, c’est même lui qui a apposé les premières spatules de plâtre… tout y est, c’est certifié, un ouvrage indispensable. »

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