Going Underground, punk américain 1979-1992, George Hurchalla, chronique Slim Buen SLIME zine n°2 mai 2010

GOING UNDERGROUND – punk américain 1979-1992
GEORGE HURCHALLA

Slime-Zine-no.2par Slim Buen, SLIME zine n°2, mai 2010

Going Underground, George Hurchalla, Rytrut éditions, 2009

Un livre comme celui là, en français, manquait terriblement. Les anglophones avaient de quoi se régaler puisque entre Our Band Could Be Your Life, American Hardcore ou encore un abonnement à Maximum Rock’n’Roll, aucune fuite n’était possible ! Mais pour les pauvres « franchouilles » dans mon genre, fainéants dès qu’il faut sortir un dictionnaire français-anglais, il fallait un éditeur qui mâche le travail pour que le texte tombe tout cuit dans la bouche ! C’est chose faite avec Going Underground, et son impressionnant contenu.

Comme on peut souvent le constater, un bon livre étranger est d’abord synonyme de bonne traduction et adaptation. Le travail de George Hurchalla est une monstruosité d’informations, de récits personnels, de témoignages divers et de photos ayant nécessité six années de dure labeur ! Pas simple de faire tenir tout ça dans le même panier ! Pourtant le résultat est cohérent, logique et terriblement captivant. La preuve que l’alliance auteur/éditeur fonctionne parfaitement quand les deux parties sont animées par la même passion, le même intérêt de diffusion et d’échange. Hormis les inconditionnels du punk/hardcore pour qui la majorité des groupes et personnalités cités n’ont pas de secrets, la prise de notes devient indispensable si vous voulez jeter une oreille à tous ces combos originaires des quatre coins des États-Unis voir même de Grande Bretagne ou d’Australie. George Hurchalla était un accro des concerts, un collecteur de disques (il a même été DJ), pour qui le punk n’était pas qu’un mot mais « une façon de vivre » en préservant toujours cette innocence et cette liberté par rapport aux différents courants émergents. Il met le doigt sur les problématiques et les divergences qu’ont pu rencontrer les groupes venant de scènes différentes au fil des années. Cet aspect critique est indispensable, s’il veut garder une certaine crédibilité. Un ensemencement systématique est tout sauf bénéfique. Sans aucune démagogie mais avec une foi de Jésuite, il nous emmène dans son aventure punk sans jamais fermer les portes derrière lui, mais attention, ce n’est pas un nostalgique, pour lui ce qui s’est passé à cette période, dans ce contexte « reganien », est propre et unique à la décennie.

Son choix de débuter en 79 peut paraître étrange mais s’avère, après explications, très logique puisqu’il considère que le punk de la première période (76-79) bénéficie d’une bibliographie déjà bien fournie et que la « nouvelle ère » si on peut la qualifier comme ça, marque la fin de l’intérêt porté par les médias sur ce mouvement et également la naissance d’une scène plus radicale, axée sur le DIY et l’apparition de groupes dits « Hardcore ». Le voyage fait escale évidement dans les villes phares du mouvement, ayant adopté leur propre style, leur propre scène (L.A, New York, Washington D.C, Boston, Chicago, Portland, San Francisco…) mais aussi les états moins éclairés mais pourtant actifs comme la Floride par exemple. Hurchalla met en évidence ce qui a fait les particularités de chacune d’entre elles, et des groupes qui en ressortent.

Ils consacrent de nombreuses lignes aux grosses pointures du style comme Bad Brains, Minor Threat, Hüsker Dü, Dead Kennedys, TSOL, DOA, Germs mais aussi à des combos moins populaires mais tout aussi mythiques ou alors simplement obscurs : Nihilistics, Crucifix, The Nuns, Zero Boys, Antidote, JFA, Big Boys, Angry Samoans, The Effigies, Dickies, Crime, The Furys tout ça grâce aux nombreux entretiens menés avec les musiciens, les activistes de l’époque et des informations collectées méticuleusement. Sa vison est simple, le punk c’est jouer ce que tu as envie de jouer, t’habiller comme toi tu as envie de t’habiller et ne pas attendre qu’on fasse le boulot à ta place. Cette liberté de ton lui permet de rester critique aussi bien envers les différentes « chapelles » du punk qu’envers « l’establishment » comme il le nomme incarné entre autre par MTV, sans leçon superflue, considérant l’uniformisation aussi néfaste dans un sens comme dans l’autre. On retrouve à la fin un chapitre consacré aux films liés à la période, avec quelques classiques à voir ou revoir… « hey Baby, I’m a repo man! »

S.B.