Que la farce soit avec vous, Jello Biafra, chronique Wallabirzine, juillet 2012

QUE LA FARCE SOIT AVEC VOUS – paroles 2005-2011
JELLO BIAFRA

WALLABIRZINE, 22 juillet 2012

Les éditions Rytrut ont eu l’excellente idée de traduire la publication des lyrics du bourgmestre de l’underground, le facétieux Jello Biafra.

Ce livre est la traduction de ses paroles durant sa carrière avec les Dead K et les coalitions musicales diverses qui ont suivies jusqu’à aujourd’hui avec son dernier groupe Jello Biafra & The Guantanamo School Medecine.

Que dire sur cet énergumène ? Si ce n’est que cet intarissable lutteur de l’ironie et du sarcasme a écrit des chansons aux venins encore frais plus de trente ans après. Qu’il est passé magistrat dans l’art du réquisitoire jubilatoire, et que Jello c’est la traduction parfaite du terme Punk, selon mes sources d’investigations propres et partisanes aux valeurs qu’il revendique.

Dans le numéro 13 du fanzine WallaBirZine, j’ai écris une nouvelle dans laquelle j’utilise, et en toute modestie, sa façon cynique d’aborder certain sujet disgracieux en me moquant par la même occasion de lui et de la dessinatrice Tanxxx, dont on peut admirer le trait dans ce livre ci, puisqu’il est surmonté de nombreux dessins, mais j’y reviendrais plus loin.

C’était donc une pique qui rend hommage avant tout à ce génie punk ! Bien entendu je ne me fais pas d’illusion, encore un témoignage de respect caché sous un subterfuge et qui sera passé à côté de l’effet escompté très certainement, tant la prose du WallaBirZine demeure encore et toujours sibylline pour en gravir l’échafaud avec enthousiasme à cause de son anomalie spécifique. Non je ne me la pète pas.

Jello qui a nourri les abattoirs de désillusion quand à la teneur merveilleuse de l’American Way Of Life dans de nombreux yeux européens, en préservant l’ivraie du mensonge dans le cœur défendant de son idéologie libertaire, est un inexpugnable provocateur, qui redresse l’escroquerie et l’ignominie des gens de pouvoir tout au long de sa carrière bien remplie à coups de martinet satirique. Jello est le père fouettard du capitalisme, papa gâteau de l’anarchie-écolo, démiurge au punk unique et euphorique, ce livre permet de rendre obsolète les prévisions d’enrichissement tant affranchies par les politiques successives, et d’enfouissement de leurs dissimulations mensongères car avec le recul nécessaire, Jello n’apparaît plus comme un fou chantant mais comme un visionnaire. J’irais même jusqu’à dire un éducateur spécialisé, dont les discours ont pu gaver par moment, mais dont le pacte didactique a peut être permis de faire réfléchir certain.

Car : Éduquer c’est rabâcher.

Ce livre est un outil pédagogique pour les générations futures, enfin….au vue de l’ascension du Front National je me permet d’en douter tout de même.

Sachez aussi que le dernier concert que j’ai vu de Jello Biafra, c’était à Toulouse et des fantassins de l’extrême droite ont cru bon venir fanfaronner à la sortie et prendre des châtaignes en travers de la gueule juste pour sentir l’usufruit de la leçon que nous venions d’entendre du professeur Biafra.

Ouais le combat est permanent, Jello le sait, c’est pour cela qu’il récidive sans cesse. Vous pensiez peut être qu’avec l’age il radotait ?

Non, du tout. Il combat, il résiste ! Il est vert. Son tronc ne flanche pas et son écorce est dure.

Je pense qu’il n’a pas du falloir tergiverser trois plombes pour trouver des dessinateurs et dessinatrices volontaires pour ce livre, tant le chanteur bénéficie d’un fort capital sympathie au sein de l’underground hexagonal. Je ne vais pas tous les citer mais il n’y a pas que les plus dégueulasses et c’est toujours dans le ton faussement jovial de Jello, et il y a bien sûr de nombreux collages punk in situ.

Je finis avec ce passage du titre « Squelette de Bozo » :

« Ébranler les personnes confortablement niaises avec une satire constructive fait de ma vie une grosse farce dans une société que je déteste. Tout ce que nous représentons sur une scène, c’est le vaudeville bouffon d’un soir ».

– Bir