La Philosophie du Punk, Craig O’Hara, chronique Luc Ardilouse, Abus Dangereux Face 85

LA PHILOSOPHIE DU PUNK
– Histoire d’une révolte culturelle –
CRAIG O’HARA

zineabusdangereux85ABUS DANGEREUX Face 85, par Luc Ardilouse

« On ne l’attendait même pas : un des livres les plus complets et intéressants sur le mouvement punk se voit publié en français. Les plus rétro-conservateurs des punks s’empresseront de faire remarquer que « philosophie » et « punk » sont deux concepts incompatibles. Mais pour ceux-là, le punk s’est probablement arrêté en 1979, à l’époque où, justement, les choses ont commencé à devenir réellement intéressantes (avis subjectif s’il en est). Époque où l’arrivée de Crass en Angleterre et du hardcore aux Etats-Unis a chamboulé le visage du punk rock : bye bye les majors, le punk reprend son destin en main ! Rédigée à l’origine pour un mémoire de sociologie à L’Université de Boston, cette étude, sous-titrée Histoire d’une Révolte Culturelle, a été publiée une première fois en 1995 par AK Press, puis réactualisée en 1999 avant cette traduction française. Traduction parfois un peu littérale dont on regrettera l’approximation, mais qui offre un bon panorama des différents combats, idées, ou revendications qui ont fait du punk ce mouvement contre-culturel progressiste depuis déjà un quart de siècle. Passons outre les avis parfois très subjectifs de l’auteur (sur la ‘philosophie’ straight edge par exemple) forgés par sa propre expérience.

Difficile en effet de condenser en 220 pages toute l’essence d’un mouvement tellement large qu’il englobe à la fois des noms a priori aussi incompatibles que GG Allin, Bikini Kill, Crucifix ou Vegan Reich (!). Basé essentiellement sur les scènes nord-américaine et britannique (on appréciera l’appendice sur le punk en France, rajouté par le traducteur), La Philosophie du Punk découpe en chapitres quelques grands thèmes récurrents du mouvement hardcore/punk : les rapports entre punk et médias, le mouvement skinhead et le racisme, les médias underground (fanzines), l’anarchisme, le ‘complexe des genres’ (comprenez luttes anti-sexistes, féministes et anti-homophobes), les préoccupations écologiques (environnement, droits des animaux…), le straight edge, ou encore la notion de DIY (Do It Yourself, fais-le toi-même). L’étude est émaillée de témoignages d’acteurs importants du mouvement, et de photos prises principalement par Craig O’Hara (quelques figures mythiques certes, mais aussi ce que l’on soupçonne être des groupes inconnus de potes de l’auteur qui n’ont donc pas ici d’autre fonction que de la décoration pure). Un ouvrage relativement complet qui a sa place dans votre bibliothèque entre American Hardcore et Dance Of Days, rétablissant pas mal de vérités et corrigeant moult idées préconçues sur ce qui a été et est véritablement le punk et le hardcore. » – Luc Ardilouse