Les Filles Atypiques, L’Histoire des Slits, Zoë Howe, chronique John Hirsute, novembre 2015

L’Hirsute – Fanzine en papier virtuel

03/11/2015

« Les filles atypiques – l’histoire des SLITS » – Zoe Howe – RYTRUT Editions

Les Filles Atypiques, L'histoire des Slits, Zoë Howe

Le 16 mai 1976 au concert de PATTI SMITH (Au Roundhouse, à Camden, Londres), Ariane Foster (alias ARI UP), sa mère Nora, Paloma Romero (Palmolive) et Kate Corris sont dans le public. Paloma et Kate désire monter un groupe exclusivement féminin, c’est en entendant hurler cette gamine de 14 ans qu’elles proposent à Ariane de monter un groupe. Dés le lendemain elles commencent à répéter ! La première mouture des SLITS est bien là ! Vous l’aurez compris, cet ouvrage a pour épine dorsale, l’histoire chronologique du groupe THE SLITS. Mais plus que cela c’est aussi un témoignage du mouvement « Punk » qui débarquera en 1976 en Angleterre et d’une bande de gamins et gamines qui attendaient cet ouragan avec impatience, pour différentes raisons. Que ce soit pour donner un souffle nouveau à la musique en vogue à l’époque, mais aussi pour donner aussi la possibilité aux femmes de s’évader du rôle auxquels elles étaient cantonnées jusque là : « Il y avait un vide culturel. Le monde était très ennuyeux à l’époque et bien que les femmes aient obtenu l’égalité de salaire en 1972, le rôle des femmes n’avait toujours pas changé : il fallait se marier, avoir des enfants et être une femme au foyer. Si vous étiez suffisamment intelligente, vous pouviez devenir professeure ou autre. Je ne me sentais pas vraiment concernée. J’ai vécu ma vie suivant une éthique Punk . Sans que personne ne me dise ce que cela signifiait, j’avais décidé que TOUT ETAIT POSSIBLE, et je n’allais certainement pas suivre le même chemin que ma mère, assurément. […] Je me disais qu’il qu’il devait y avoir d’autres choix pour moi. Au milieu des seventies, j’ai fait les beaux-arts, et ce fut une de mes issues. Quand est arrivé le Punk en 1976, je suis venue à Londres. Cette nouvelle tendance était tellement dynamique et anti-establishment…Que je n’ai eu aucun mal à m’y identifier, de toute façon. » (Christine Robertson, qui fût manager des SLITS). TOUT ETAIT POSSIBLE, et il ne fallait pas passer à côté, comme le dit Viv Albertine : « Je n’avais encore jamais joué d’un instrument, mais je m’en foutais, rien n’avait d’importance. Et soudainement, il y a eu cette petite brèche, une porte ouverte pour une période très courte, et vous ne pouviez que vous y engouffrer ». C’est donc ce que firent les SLITS, soutenues par leurs « potes » ou « petits amis » de l’époque : Mick Jones, Joe Strummer, Paul Cook, Keith Levene, Don Letts… ceux qui firent partie de la « famille des SLITS ». d’une attitude et d’un son Punk, les SLITS s’orientèrent vers de nouveaux horizons musicaux (Post-Punk, Dub, Jazz, Funk, Hip-Hop) sans faire dans le complaisant et en restant intransigeante quand à leur liberté de se réaliser, de s’exprimer, de s’habiller. Ce n’est que lorsqu’elles auront décidées du moment et à leurs conditions qu’elles accepteront de sortir leur album « Cut » chez Island, en 1979 (produit par Dennis Bovell). Rien n’a été facile pour les SLITS, rien ne leur a été épargné : Leur nom (THE SLITS) remplacé par celui des JAM dans le titre « Punky reggae party » lorsque Bob Marley apprend qu’il s’agit d’un groupe de filles, des agressions physiques ou verbales dans les transports en commun, l’incompréhension quasi-générale devant la pochette de leur album « Cut » qui choquera une grande partie de la population anglaise… Mais elles ont réussi à tenir parce qu’ elles faisaient bloc ! « Elles ont dû supporter beaucoup de conneries, des gens qui les agressaient dans la rue et leur lançaient des injures, c’étaient les sorcières de WEST LONDON. Elles ne correspondaient pas au stéréotype féminin conventionnel, mais c’était leur force. Ça ne les intéressait pas de porter les vêtements conçus pour les filles à l’époque. Elles disaient : « Nous ferons ce qu’il nous plaît. Nous déciderons comment nous voulons vivre et comment nous voulons nous habiller » » (Don Letts). Cet ouvrage ne s’adresse pas qu’aux « fans » des SLITS, il nous décrit l’univers de femmes qui vécurent des moments difficiles, mais aussi (et heureusement) des moments merveilleux et inoubliables de 1976 à 1982, puis au début des années 2000 avec quelques reformations des SLITS au line-up variés. Bien loin du star système, les SLITS n’ont pas faillies à leur principe premier : « NOUS DECIDERONS COMMENT NOUS VOULONS VIVRE ».

(John Hirsute)