La Philosophie du Punk, Craig O’Hara, article Frank Frejnik, Punk Rawk n°13, novembre 2003

« PUNK INC. » par Frank Frejnik,PUNK RAWK n°13, sept./oct./nov. 2003

zinepunkrawk13LADZI GALAI, Punk, mode d’emploi : « The Philosophy Of Punk » a été publié, il y a quelques années, sur la base d’une thèse de sociologie par Craig O’Hara. Présentant les diverses facettes du mouvement punk, le livre fut traduit dans le monde entier. Il sort aujourd’hui en France grâce à Ladzi Galaï, a qui on a demandé d’exposer ses motivations. C’est en 1996 à Londres que Ladzi Galaï entend parler du livre de Craig O’Hara. Après sa lecture, l’idée de le traduire s’impose presque d’emblée.

« Ce livre résume bien certains aspects de ce que j’ai pu vivre toutes ces années, il propose vraiment un tour d’horizon des attitudes qu’on peut trouver dans le mouvement. Il n’est pas fait de sacralisation, et différents points de vue y sont représentés. Le but d’éditer ce livre en France est de montrer le vrai visage du mouvement punk. Et de « redorer » le blason du punk, tenter de lui rendre une forme de crédibilité dans la société, en expliquant clairement ses origines et ses aspirations », avoue Ladzi. « Mais aussi avec la volonté de sortir du cercle des initiés, tellement souvent considérés comme des farfelus insouciants, ou complètement en marge des réalités, par une majeure partie des gens du courant dominant. Montrer l’influence que n’a cessé d’avoir cette forme de conscience dans de nombreux secteurs, et pas seulement culturels. Car les punks sont là, ils sont partout disséminés, n’ont pas forcément les apparences qu’on veut bien leur prêter, ou par lesquelles beaucoup les identifient. Il est toujours plus facile, pour le commun des mortels, de rire de ces clowns sans s’intéresser à ce qu’ils proposent, et de dépenser son énergie et son argent sur « la camelote déshumanisante que dégueulent sur nous les grandes sociétés et leurs subalternes ». Ou en exploitant les œuvres de rebelles décédés, qui, en étant passés dans la tradition, ne sont plus que d’un intérêt linguistique, mais pas d’un bien grand danger pour les institutions protégeant les intérêts de certains. »
C’est la première fois que l’édition d’un livre étranger sur le punk est complétée avec quelques pages sur la culture locale. « Cette idée m’a été suggérée par les gens de l’atelier de Création Libertaire à Lyon, à qui nous avions tout d’abord soumis le manuscrit, en 2001, et soutenue par Craig O’Hara, à la place des annonces d’autres livres figurant à la fin de l’original », explique le traducteur. « La philosophie punk n’est pas seulement un truc qui nous vient de l’étranger, mais bien quelque chose que beaucoup ont vécu ou vivent aussi en France, et ailleurs. Cette version française aurait pu sortir printemps 2002, mais il a fallu une année pour trouver le financement. Cette première édition a vu un tirage de 2000 exemplaires. Donc, écrire sur la scène française mériterait une plus longue investigation, mais il était important à mes yeux de raconter comment j’ai pu ressentir le truc. » Traduire n’a pas été le plus difficile, (« le punk rock a été mon meilleur professeur d’anglais »), restait à lui donner la forme d’un vrai livre. Pour cela, Ladzi crée les éditions Rytrut, diminutif de son ancien tape-label (1985-92) Rythm & Rut (R.R.Products) sur lequel il a sorti entre autres des K7 de ces anciens groupes (Cripure S.A, Dirty Husbands, Nonono.) et des graphzines. « La Philosophie du Punk » n’est que le premier livre d’une série d’ouvrages qu’on espère longue. »

« LADZI GALAÏ a été musicien de nombreux groupes underground, dont le dernier fut Ultime Atome, « quartet de guitares, formé pour interpréter la guitare symphonie de ma composition, éditée en CD en 1993, et qu’il est prévu de re-mixer ? » En 1997, il enregistre « Foutue Poupée » tout seul, ce qui lui donne l’idée de donner quelques concerts sous l’intitulé « punk’n’roll à dada », « un mélange de trois termes un peu clichés représentatifs de l’état d’esprit qui semble me porter ». Aujourd’hui, il continu de jouer en solo, aidé de son orchestre de poche. Un album est en cours d’enregistrement. »

« CRAIG O’HARA est actif dans la scène depuis 1982, il a joué avec le groupe de Pennsylvannie Eight ball, organisé pas mal de concerts, et joue actuellement de la basse avec le groupe anarcho-punk de San Francisco Songs For Emma (un CD Red Lies & Black Rhyms est sorti chez Broken Rekids). IL a aussi contribué au fanzine américain Maximum RocknRoll et fait partie des éditions AK Press. »