Burning Britain de Ian Glasper, Chronique Le Scribe du Rock, septembre 2020

PUNK’S NOT DEAD AT ALL ! CHRONIQUE DU LIVRE « BURNING BRITAIN – SECONDE VAGUE DU PUNK BRITANNIQUE » PAR IAN GLASPER – EDITIONS RYTRUT

Le Scribe du Rock, 21 septembre 2020

Depuis toujours tu rêves d’un livre qui s’écoute ? Pour être, selon les moments, des deux côtés de la barrière (côté auteur et côté lecteur) je rêve toujours d’écrire/de lire cet ouvrage magique. Mais si rêver est indispensable (surtout en ce moment, où l’on ne nous fait pas beaucoup rêver) il faut savoir parfois être pragmatique. C’est pourquoi, a défaut d’avoir trouvé la formule magique qui me fasse un jour écrire ce fameux « livre a écouter » j’ai décidé ici-même de parler d’un livre en joignant un maximum de liens d’écoute, profitant des opportunité du web pour transformer cette chronique en plate-forme musicale. Bon, et si nous parlions un peu du livre en question ?

Burning Britain : seconde vague du punk britannique, par Ian Glasper. Editions Rytrut (version française par Frédéric Jalabert, Nico Poisson, David Mourey, Ladzi Galaï)

742 pages de punk rock ! Et pas n’importe lequel ! Le punk qui a fait la vague « punk’s not dead » du tout début des années 80, celle que l’on a aussi baptisée UK82 et qui a donné naissance a ce que l’on allait appeler le « punk hardcore » et ses dérivés comme le crust, le d-beat…

Ian Glasper, citoyen de sa très britannique majesté, a vécu ces années là de l’intérieur, et c’est d’emblée ce qui donne la force de ce livre, son authenticité, sa street credibility !

De quels groupes se rappelle t’on lorsqu’on évoque cette période heureuse ? GBH, The Exploited et Discharge, le trio gagnant dans l’ordre et le désordre…Ian Glasper ne contredit pas ce tiercé évident, mais l’objet de son livre est aussi de mettre en lumière ces groupes de toute la Grande-Bretagne qui ont apporté leur pierre a l’édifice tout en restant plus confidentiels…

Voici la période couverte : 1978 – 1985..

1978 ? Le punk est mort, officiellement. Les Sex Pistols se décomposent aux USA, le Clash se rêve une carrière de rockers de stades (ce qui va advenir), les Damned accumulent les échecs, et les seconds couteaux comme Generation X ont certes marqué quelques esprits, mais n’ont jamais atteint la zone rouge provoquée par les historiques. 1978 c’est la fin d’une période qu’on peut commencer en 1975, au début des Pistols, quand les anglais, sous influence des punks US (Ramones, Patti Smith, Television…) se rêvent en représentant d’un chaos sans nom ni projet réel, beaucoup moins politisé que ce qu’on a pu en dire (ou en tout cas moins ancré dans un projet politique existant, le chaos justifiant aussi bien les svastikas que les A cerclés).

Déjà le post-punk (aussi appelé new wave, et générant bientôt la cold-wave, le rock gothique, le deathrock etc.) prend sa place dans l’histoire et les punks se mettent a la musique froide et synthétique (encore sous influence américaine avec Suicide mais aussi allemande avec Kraftwerk et britannique avec le pape Bowie)

Mais tandis que les critiques chics du London branché décrètent la mort du mouvement, quelques jeunes gens, davantage issus des classes populaires et du lumpenproletariat (enfants putatifs du John Lydon/Rotten irlandais fauché victime du rejet des anglais plus que du fils de diplomate devenu communiste Joe Strummer) lançent au ciel une phrase qui allait devenir un mouvement : « Punk’s Not Dead ! » Non, nous ne sommes pas morts, nous sommes les vrais punks, ceux qui vont VRAIMENT renverser le gouvernement, nous avons la dalle, nous n’avons rien a perdre !

Ils viennent des faubourgs des villes, et des villes les moins côtées, comme Manchester, Liverpool et autres, ils sont des fils et filles de rien du tout, des enfants d’ouvriers déjà chômeurs clairement No Future jusqu’au bout des ongles vernis en noir…

Le punk qui va (re)naître durant cette période est soit marqué par une continuité avec le punk 77 comme Peter and The Test Tube Babies…

Soit dépositaires d’un punk beaucoup plus rapide, plus violent et noir que celui de 77, et régulièrement infecté par des germes venus du heavy metal, comme Discharge…

Le punk « hardcore » est né, et il n’est pas constitué d’une unité musicale plus forte que son grand frère. Si les « têtes d’affiches » Exploited, GBH et Discharge se distinguent par un son de la rue, violent, prolo, hooligan, encore une fois plein d’autres sont davantage dans la lignée rock’n roll saturé que les Pistols et les Ramones avaient engendré.

Ainsi, ce superbe ouvrage de Ian Glasper, agrémenté de nombreuses photos (presque 200) est-il un document indispensable pour mieux comprendre cette vague qui a refusé de succomber, cette bande de prolos déjà convaincus que l’Angleterre allait les hacher menu mais qui ont continué le combat coûte que coûte…Ont-ils perdu la bataille contre le grand capital ? Oui, malheureusement, mais leur musique est toujours là, et qui sait, peut être inspire t’elle déjà de nouvelles révoltes ?

es punks semblent renaître au travers de ce magnifique bouquin, clairement pas loin du graal du « livre qui s’écoute » tant, au fur et a mesure des pages, on entend la bande son de ces combos plus ou moins connus défiler et nous botter l’arrière-train ! Bravo aux éditions Rytrut pour ce superbe travail éditorial et ce livre INDISPENSABLE !

Punk’s Not Dead !

https://www.rytrut.com/burning-britain-seconde-vague-punk-britannique/