Going Underground, american punk 1979-1992, George Hurchalla, chronique Marie Kanger-Born, Chicago Punk Pix, 2006

GOING UNDERGROUND – american punk 1979-1992
GEORGE HURCHALLA

Edition française de GOING UNDERGROUND

par Marie Kanger-Born, Chicago Punk Pix

(Chronique traduite de l’anglais par Paul Vincent)

« For the Punks, by a Punk – A true DIY project« , 22 juillet 2006

« Une des choses les plus remarquables et que beaucoup ne réalisent pas, je pense, c’est que ce livre est un produit 100 % indépendant (DIY). J’ai rencontré son auteur, George Hurchalla, peu après qu’il m’ait contactée, voulant y faire figurer certaines de mes photos. George a passé six années à faire des recherches, donner des interviews, écrire, réécrire et concevoir ce livre ; et il a financé lui-même l’impression. Il ne s’est pas contenté d’en parler, il a mené son projet à bien…

George Hurchalla voyant trop d’histoires rabâchées par le même petit nombre de ‘Suspects habituels’, il lui semblait indispensable que des participants moins connus du mouvement punk américain aient leur mot à dire. Et il voulait présenter à ses lecteurs les scènes locales plus petites et moins connues des Etats-Unis. Cela n’est pas seulement arrivé à Los Angeles, New York, Washington D.C et Boston. Comme le dit George : ‘Puisque le punk rock était censé être un mouvement d’antihéros, c’est une tragédie de laisser les gagnants écrire son histoire, et de faire des héros de la contre-culture des personnes qui n’étaient pas censées représenter davantage que des égaux stimulant l’inspiration.’

Ce livre propose une histoire approfondie de la scène punk/hardcore de 1979 à 1992, période que George a choisi arbitrairement, ayant estimé qu’il y avait déjà énormément d’histoire écrite concernant la première vague punk de 1976 à 1980, et 1992 marque la période où il a quitté la scène pour d’autres contrées. Going Underground raconte les origines du mouvement punk/hardcore du point de vue de l’auteur, ayant découvert cette musique par l’intermédiaire de son grand frère, alors étudiant. George Hurchalla allait au lycée quand son frère ramena un disque des Sex Pistols à la maison. Blasé du rock standard, classique, très commun en 1980, cette musique alluma une flamme en lui. Voici une citation de Karen Allman, du groupe de Tucson, Conflict, concernant sa propre introduction aux Pistols, qui résume tout : ‘C’est horrible ! Repasse-le !’.

La narration très personnelle de George, combinée avec des anecdotes racontées par des membres de groupes et des différentes scènes, tisse un compte rendu fascinant de cette période. Il y a énormément de descriptions consacrées aux scènes de régions les moins connues, telles que ma propre région du Midwest. J’ai finalement l’impression que la scène de ma ville natale, Chicago, a été représentée plus exactement, dévoilant qu’il s’y passait beaucoup de choses, et que tout ne tournait pas autour de la tristement célèbre querelle des Effigies/Articles of Faith. Comme cela est précisé dans le livre, bon nombre d’entre nous dans la scène locale estimèrent que le ‘conflit de personnalités’ entre ces deux groupes obtint trop d’attention aux dépens de tout ce qui se passait en parallèle dans notre scène. Et enfin, sont racontées les histoires des groupe moins connus. Et enfin, sont entendues les voix des participants ordinaires.

Particulièrement poignant ce compte rendu par le photographe d’Austin, Geoff Cordner, concernant le statut d’inadapté auquel la plupart d’entre nous pensions alors appartenir : ‘On s’était retrouvé en retrait dans la ruelle, après une sorte de performance artistique punk – c’était avant que quiconque fasse une distinction entre le punk et la new wave. Tout le monde buvait sa bière, et personne ne parlait trop car nous étions tous des gens profondément mal à l’aise. C’était notre point commun, apparemment. Le punk était comme un rassemblement de perdants irascibles et de rejets de la société. Et si on n’avait pas suffisamment de bière dans l’organisme, on restait trop mal à l’aise avec nous-même pour être vraiment à l’aise avec les autres. C’était un truc fort de savoir qu’il y en avait d’autres qui étaient aussi largués que toi.’

Nous nous sommes rassemblés et avons formé nos scènes punks novices pour beaucoup de raisons différentes, mais une chose que nous avions tous en commun était notre mécontentement en ce qui concerne le statu quo. Si la société traditionnelle ne voulait pas nous accepter, aucun problème, nous avons créé notre propre société underground. Nous voulions nous détacher des anciennes normes, conformes et uniformes, de presque tout que nous rencontrions. Nous étions fortement motivés, comme le dit George Hurchalla : ‘Sachant que personne ne sortirait jamais nos disques pour nous, qu’aucun manageur n’organiserait de tournées pour nous, qu’aucun club ne nous ouvrirait ses portes,  qu’aucune radio ne passerait notre musique et que la situation ne ferait qu’empirer, une génération de punks prit les mesures nécessaires pour faire entendre nos voix le mieux qu’elle pourrait.’

Je recommande fortement ce livre, c’est vraiment génial à lire. Si vous étiez punk à l’époque – chaque page vous ravivera des souvenirs. Si vous êtes un punk actuel, vous aurez un compte-rendu précis de cette période, une bonne partie, et fortement instructive sur le genre. C’est une chronique de l’histoire du punk écrite POUR LES PUNKS, PAR UN PUNK. Un vrai projet DIY, alors assurez-vous de soutenir ce travail et achetez ce livre étonnant ! »