La Philosophie du Punk, Craig O’Hara, chronique Hakim Bey, Watche Diffusion

LA PHILOSOPHIE DU PUNK
– Histoire d’une révolte culturelle –
CRAIG O’HARA

Hakim Bey, WATCHE DIFFUSION

« Le titre de ce bouquin d’un peu plus de 200 pages pourrait surprendre, voire carrément rendre très méfiant (encore un bouquin qui sort tous les clichés sur les punks, sur le punk, avec une bonne sauce des mystifiés et starifiés Sex Pistols) Mais non ! C’est tout le contraire, et le titre que donne Craig O’Hara à son étude est plutôt rassurant, après le titre ambigu : il S’agit d’une « Histoire de Révolte Culturelle ». Le but du jeu pour l’auteur est non seulement de démonter la vision du punk que propose les médias traditionnels, mais aussi de comprendre la particularité de cette scène qui est la seule à mêler aussi radicalement politique et culture. L’édition française arrive plus de dix ans après la première édition de ce qui ne devait être qu’un mémoire de sociologie. Plusieurs éditions (et le travail qui va avec) permettent à son auteur de présenter de manière relativement globale la scène punk américaine des années 90). À partir du décorticage de différents fanzines punks américains (le fameux « Maximum RocknRoll », qui d’ailleurs a vu la participation de l’auteur, « Flipside », ou encore l’anarcho-punk « Profane Existence ») et les textes de nombreux groupes, O’Hara livre une étude sociologique approfondie des valeurs punks et de la manière dont le punk considère le monde conventionnel. Pour cela, et après avoir retracé le contexte socio-historique du mouvement, il aborde différentes thématiques/questions : Comment la TV, les magazines et les mass médias ont fait leur possible pour apprivoiser la bête ; les questions des skinheads et du mouvement staright edge ; le média « fanzine » et le DIY (do it yourself) ; et enfin les thèmes chers au mouvement punk, l’anarchisme, l’anti-sexisme et l’écologie radicale. Craig O’Hara réussit à ne pas tomber dans le piège de la sanctification du punk, en décrivant les erreurs, limites et récupérations du mouvement, mais il parvient aussi à donner, par son étude, du poids à la thèse qu’il défend : le mouvement punk est une contre-culture solide dans le sens qu’il représente une véritable force politique (alternative et radicale, bien sûr !), un véritable mode de vie, une véritable philosophie. Excellent bouquin. Punk’s not dead ! »