Moi, Shithead, Joey Keithley, DOA, chronique Frank Frejnik, Addictif Zine, juin 2011

MOI, SHITHEAD – toute une vie dans le punk
JOEY KEITHLEY, D.O.A.

ADDICTIF Zine, Frank Frejnik, juin 2011

Moi, Shithead – Toute une vie dans le punk
par Joey Keithley (Editions Rytrut)

Sorties en 2004 aux Etats-Unis, les mémoires punk rock de Joey Shithead, étendard de la scène canadienne avec son groupe D.O.A. s’offrent une édition française grâce à l’éditeur Rytrut et aux contributions d’activistes tels Emergence, Limoges DIY, Slime et Maloka. Résultat : plus de 300 pages de souvenirs de tournées et d’expériences rock’n’roll qui se lisent comme un roman d’aventure !

Le guitariste-chanteur de D.O.A. n’a jamais eu sa langue dans sa poche. Pourtant, il prévient en prémices, « par respect pour l’intimité des personnes, et parce que les histoires de gens bourrés et camés sont perte de temps, je n’entrerais pas dans ce genre de détails dans ce livre ». Bref, si vous cherchiez de croustillantes anecdotes sur telle rock star rencontrée bourrée après un concert, ou quelques histoires pathétiques sur des personnes de la scène punk, passez votre chemin. Joey n’est pas du genre à promouvoir une quelconque idéologie rock’n’roll de pacotille où le paraître et la frime seraient plus importants que la musique et l’action. « Talk – action = 0 », comme l’un des albums de D.O.A. l’a si bien résumé. Le guitariste s’en tient donc à raconter avec clairvoyance l’aventure D.O.A. de ses débuts en 1978 jusqu’à 2003. Y est conté avec beaucoup de détails — des drôles et de moins drôles — les différents line-up du groupe (en appendice, on trouve aussi un arbre généalogique de D.O.A.), ses premiers concerts, les tournées au Canada, aux Etats-Unis (où le groupe rencontrera la majeure partie de la scène hardcore naissance, de Minor Threat à Hüsker Dü, en passant par Descendents et Black Flag) et en Europe, les passages en studio et les différents rencontrés avec les labels. Sans oublier de larges passages sur les musiciens du groupe (Chuck Biscuits par exemple qui deviendra batteur de Black Flag, Danzig, Social Distortion et quelques autres) et les nombreux vans que les Canadiens ont usés pour satisfaire leur envie de jouer partout.

L’écriture est simple, rapide, joyeuse ; les faits sont jetés tels quels, sans fard ni exagération. Joey Shithead se permet parfois une petite vanne ou une conclusion plein de sens qui témoignent d’un certain recul ou d’une position toujours tranchée de la part de l’auteur. Si les pages du livre sont fun (je le redis, beaucoup beaucoup d’anecdotes), elles dressent aussi l’héritage des premiers groupes punk/hardcore américains, mais sans volonté de starification ou d’embellissement, Joey Shithead est franc, direct et sincère. A l’image de son groupe qui a toujours été un fidèle à la cause punk et un ardent combattant de la connerie des hommes. Moi, Shithead se lit vite, mais ce qu’on en retire se digère doucement.

Et ça donne envie de se replonger dans la discographie de D.O.A. Tiens, je vais ressortir Last Scream of the Missing Neighbors, album que les Canadiens ont enregistrés avec Jello Biafra… — Frank Frejnik

Editeur : www.rytrut.com
DOA et Sudden Death (label de Joey Shithead) : www.suddendeath.com