Sur la Route avec les Ramones, Monte A. Melnick + Frank Meyer, chronique Noel Lopez, Monticule Musique, février 2013

Sur la route avec les Ramones, Monte A. Menick + Frank Meyer, couverture © Jon Holmstrom

SUR LA ROUTE AVEC LES RAMONES
Monte A Melnick + Frank Meyer

MONTICULE MUSIQUE, février 2013

MEYER, Franck ; MELNICK, Monte A. : Sur la route avec les Ramones.
The Ramones est un groupe rock new-yorkais fondé en 1974 et souvent cité comme le premier groupe de punk. Richement illustré de photos souvenirs, ce livre retrace leur parcours musical, évoque leur fougueux tempérament tout en présentant la scène punk new yorkaise de l’époque. C’est Monte A. Melnick, souvent présenté comme le « cinquième Ramones » qui est au centre de l’écriture du livre. Frank Meyer est quant à lui journaliste et a officié dans les équipes de rédaction de nombreux magazines comme « Pop Smear », « Knac.com » et « AVN »… « Pourtant, malgré toute leur influence et toute leur vilénie, le groupe n’a jamais fait un tube, a difficilement été adopté par les radios ou par MTV et n’a été accepté par le grand public que des années après leur retraite » (quatrième de couverture).
Editions Rytrut, 2013. 978-2-9520083-7-2. 39 euros
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Noël Lopez

Sur la Route avec les Ramones, Monte A. Melnick + Frank Meyer, chronique Patrick Dallongeville, Presto n°167, février 2013

SUR LA ROUTE AVEC LES RAMONES
Monte A Melnick + Frank Meyer

PRESTO! n°167, février 2013

presto167cover« Un échalas efflanqué, passé d’une batterie approximative à un chant monocorde, un guitariste et un bassiste jouant tout en barré sur deux accords et demi, et un guitariste de hard-rock venu à la batterie par défaut : voilà grosso modo les talents cumulés des Ramones à leurs débuts. Ces Dalton là, jouant un rock forcément minimaliste et speedé à l’extrême, n’allaient pas moins exercer une influence prépondérante sur quantité de formations pourtant plus douées qu’eux, sur le plan artistique (“Teenage Kicks” des Undertones) ou commercial (Green Day). Question profils psychologiques, le quartette originel proposait aussi un cocktail détonant : entre un guitariste aux convictions réactionnaires (aussi incapable d’accorder son instrument que de tolérer le moindre écart de la part de ses congénères), un chanteur affligé de troubles obsessionnels compulsifs, un bassiste bipolaire multi-addict et un batteur stratège du master-plan, il fallait une recette miracle pour maintenir pareille combinaison en semi-état de marche ! C’est précisément le rôle qu’assuma Monte A MELNICK les 22 années que dura la carrière des RAMONES. Au fil des overdoses, des départs et retours (de Dee Dee et Marky), des remplacements foireux (Clem Burke, batteur de Blondie, remercié au bout de deux concerts), des ruptures sentimentales aussi diverses que variées, et autres accidents domestiques et de la circulation, ce brave Monte a tout assumé et tout (di)géré. Le tour manager des RAMONES était à la fois chauffeur, nounou, grand frère, tyran, infirmier, comptable, bouc-émissaire et (forcément) insomniaque. Ce livre est le pendant factuel du fameux “Mort Aux Ramones” de Dee Dee, le journal des 2263 concerts et quelques 25 albums produits par l’un des plus improbables combos jamais advenus. Très richement iconographié, il se referme sur l’affiche de leur ultime passage au De Kreun, près de chez nous. » – Patrick Dallongeville

Sur la Route avec les Ramones, Monte A. Melnick + Frank Meyer, Annonce Obskure Magazine n°13, janvier 2013

SUR LA ROUTE AVEC LES RAMONES
Monte A Melnick + Frank Meyer


OBSKURE MAGAZINE
n°13, janvier 2013

obskure13cover« Tout juste paru chez l’éditeur Rytrut, Sur la route avec les Ramones s’inscrit comme une référence peut-être aussi importante que le Get in the Van de Henry Rollins. Outre les nombreuses photos, flyers et goodies reproduits (dont la liste des concerts données par le groupe depuis ses débuts!), on a droit à une immersion dans leur quotidien racontée par les membre du groupe et par ceux qui les ont suivis. Le point de vue de Monte, manager et cinquième meMbre, est la force du livre, jamais consensuel. Une plongée dans l’envers du décor, salvatrice pour qui veut comprendre le cirque rock. On en reparle sur notre site très bientôt. »

CHRONIQUE DE SYLVAIN NICOLINO

INTERVIEW DE MONTE A MELNICK

« Johnny Ramone 1948-2004 », article John Holmstrom, Punk Magazine

Texte complémentaire au livre de Monte A. Melnick et Frank Meyer, qui parle de tous les membres des Ramones. Cet hommage que rendu à Johnny Ramone permet de jeter un oeil au personnage sous un angle inédit. John Holmstrom est entre autres cofondateur de Punk Magazine. Il a réalisé deux pochettes d’albums du groupe et dessiné la couverture de Sur la Route avec les Ramones. – Rytrut éditions

PUNK MAGAZINE

Johnny Ramone 1948-2004

par JOHN HOLMSTROM

All contents © 1976–2004 PUNK Magazine, Inc. All Rights Reserved.

(Article traduit par Ladzi Galaï, 2012 Rytrut)

Photo : Roberta Bayley

Johnny-Ramone-Roberta-BayleyJOHNNY RAMONE, 55 ans, est décédé le mercredi 15 septembre à 15h03, chez lui à Los Angeles, Californie. Il est mort quelques après le concert du 30e anniversaire des Ramones, qui avait été organisé en partie par Johnny lui-même.

Johnny, de son nom de naissance, John Cummings, avait été hospitalisé en juin au Cedars-Sinai Medical Center pour le traitement du cancer. Il était assisté par des amis et sa famille durant la fin… ce qui n’était pas totalement inattendue en raison des commentaires de Marky Ramone sur un site de musique quelques mois avant.

Johnny s’est battu jusqu’au bout – comme un vrai Ramone. Il a survécu avec beaucoup de volonté dans ses derniers jours, en faisant la publicité pour le documentaire de Ramones End of the Century, en travaillant sur un beau livre des Ramones et en organisant les événements du 30e anniversaire.

Mais, Johnny avait mauvaise réputation.

Johnny avait mauvaise réputation pour avoir été un républicain. Comme si être dans un groupe de rock signifiait que vous DEVIEZ OBÉIR à certaines règles, et voter et réfléchir à la politique d’une manière convenue et à gauche… Désolé. Johnny n’a jamais avalé n’importe quelle sottise et il ne croyait pas aux conneries, donc il n’a pas eu peur d’être un républicain. Beaucoup de gens qui le connaissaient soupçonnaient que cela aurait pu être plus une attitude que de la politique, mais Johnny n’a jamais laissé entendre que ses vues étaient autres que sincères.

Johnny avait mauvaise réputation pour avoir été le sergent des Ramones. Grâce au récent documentaire, End of the Century, beaucoup de gens commencent à apprécier son rôle dans le groupe. Je pense que cela a du sauter aux yeux d’un grand nombre de fans, que sans Johnny, les Ramones aurait peut-être pu devenir le groupe de rap de Dee Dee King ou un groupe de pop (si Joey s’en était occupé), embauchant Phil Spector pour produire un autre album. C’est Johnny qui a estimé que les Ramones devaient rester les Ramones, pour le meilleur et pour le pire. Et avec le recul, ce fut pour le mieux.

Johnny avait la mauvaise réputation d’être un ‘mauvais musicien’. Le truc, c’est que son approche du rock’n’roll était totalement différente de celle des musiciens précédents et il a le mérite d’avoir réinventer la guitare électrique – et d’avoir créé le son punk rock. Il jouait de la guitare de la façon dont Mondrian ou Jackson Pollock approchaient la peinture. Simplement parce que ces artistes n’étaient pas à l’image généralement véhiculée de l’artisan moyen ne veut pas dire qu’ils étaient de piètres artistes. Et étant donné que Johnny était loin d’être le guitariste moyen, il serait déplacé de le juger sur les mêmes normes que les guitaristes de groupes comme Foghat, Twisted Sister ou Yes.

Il y a des gens qui pensaient que les Ramones aurait pu prendre un guitariste solo, ou un organiste, ou un percussionniste (incluant moi-même pour les trois). Mais je me trompais (probablement), et Johnny avait raison (je n’aime pas l’admettre). Il a permis aux Ramones de garder leur pureté. Même si c’était du sucre vanillé, au début des années 1980, il a eu la révélation que les Ramones ne devait jamais changer afin de demeurer le premier, le meilleur groupe et le plus punk rock de tous les temps. Donc si vous apprécierez l’héritage des Ramones – créditez Johnny pour l’avoir garder en vie, puisque tout le monde dans le groupe avait de l’amertume.

Johnny a créé une toute nouvelle façon de jouer de la guitare. La plupart des ‘musiciens’ se seraient déchiquetés les doigts jusqu’à l’os s’ils s’y étaient attaqués. Et même s’il n’a pas écrit la musique, la contribution créative de Johnny aux Ramones a été trop souvent sous-estimée.

Johnny a beaucoup fait pour créer, stimuler et renforcer l’image des Ramones – comme les concepts de leurs pochettes de disques. J’ai travaillé étroitement avec Johnny sur celles de Rocket to Russia et Road to Ruin. On me crédite souvent comme si les idées étaient venues de moi mais cela venait tout de Johnny Ramone. Il avait décrit le concept du dos de la pochette de Rocket to Russia mieux que s’il l’avait dessiné lui-même. Et la pochette de Road to Ruin a été inspirée par un croquis envoyé par un fan. Johnny m’a demandé de lui recommander un artiste commercial (qui a refusé le poste), puis il l’a proposé à plusieurs autres illustrateurs avant de se tourner vers moi, car personne d’autre ne comprenait ce qu’il voulait. Johnny et moi nous comprenions. Nous avons tous les deux compris tout ce qui concernait le punk rock. Et notamment comment cela devait sonner, et comment cela devait être représenté.

J’ai toujours eu l’impression que c’était une sorte de sommet quand nous discutions. Quand je parlais avec Joey, il pouvait suggérer des idées pour les magazines, nous aider à faire la publicité et coopérer pour nos photos genre dessins animés. Mais quand je parlais avec Johnny, il était question de l’approche philosophique que les Ramones devaient avoir pour leur musique, et de l’image du groupe. Joey a toujours semblé satisfait de laisser Johnny s’occuper de ce genre de choses – il ne me questionnait même jamais après une conversation que j’avais eu avec Johnny, sur ce que les Sex Pistols signifiaient pour l’avenir du punk rock, ou si le dernier album des Ramones correspondait à ce qu’ils attendaient. Joey pensait déjà à l’album suivant des Ramones. Johnny réfléchissait toujours à l’idée générale du concept.

Johnny avait la mauvaise réputation de se prendre trop au sérieux – comme s’il était un schnock dépourvu d’humour parce qu’il ne souriait jamais devant les appareils photos. En fait, Johnny avait un grand sens de l’humour. Il n’était pas le connard fasciste dont on avait tendance a lui coller l’image. Il était ouvert d’esprit et prêt à considérer différents points de vue. J’ai bien aimé plaisanter avec lui sur les tournées des Ramones. Nous avons beaucoup ri ! Il était très intelligent, tolérant et perspicace. Et puisque nous étions tous les deux des amateurs de baseball à l’époque, nous avions un terrain d’entente. Mais à chaque fois qu’il y avait un appareil photo, les Ramones adoptaient le ‘look Ramones’ et ils regardaient droit devant. L’air sévère. L’air sérieux. Même quand ils avaient écrit certaines des paroles les plus drôles de l’histoire du rock’n’roll. Mais bien sûr, cela faisait partie de la plaisanterie, n’est-ce pas ?

Johnny a permis aux Ramones de perdurer. Il n’a jamais fait usage de drogues (comme la plupart des autres Ramones). Après que Tommy Ramone (qui représentait la discipline au début), ait quitté le groupe, c’est à Johnny qu’il incombait de maîtriser Joey et Dee Dee. Du moins, c’est ainsi que Johnny le voyait. Il n’est pas facile d’être le boss. C’est une chose difficile que de forcer les autres gens à accepter votre point de vue afin de faire avancer les choses. Il est beaucoup plus facile de rester en retrait et de laisser quelqu’un d’autre prendre les décisions difficiles.

Pour Johnny (et pour Joey), les Ramones étaient la chose la plus importante au monde. Tous les deux s’en remettaient passionnément au groupe qui leur permettait de travailler, de partir en tournée et d’enregistrer tout au long des années 1980 et 1990, même si certains critiques pensaient qu’ils auraient dû faire une pause, et même si ces deux-là se détestaient. Mais ils ne se sont pas suffisamment détestés pour que cela affecte le groupe. Ils ont toujours fait leur travail. C’était toujours les Ramones avant tout.

Je les sermonnais souvent, et j’ai demandé à Johnny : « Pourquoi vous ne faites pas comme les autres groupes qui annoncent qu’ils se séparent, que c’est leur tournée d’adieu, pour jouer à guichet fermé de partout, et qui reviennent cinq ans plus tard, et recommencent tout ? » Johnny ne voulait rien entendre de ça. Il n’aurait pas même plaisanté à ce sujet. Ni Joey d’ailleurs. Ils n’étaient pas dans les conneries showbiz quand il s’agissait des Ramones. Ils voulaient être sincères et honnêtes avec tous les fans des Ramones. Ils n’étaient pas dans le genre de stratagème dans lequel se complaisaient les Rolling Stones, Elton John, David Bowie et tant d’autres groupes de rock. Alors ils ont tourné et tourné et tourné jusqu’à la séparation du groupe et ne se sont  jamais reformés après. Et c’était le lien qui unissait Johnny et Joey – même si, sur le plan personnel, ils se détestaient au point de ne plus se parler. Le groupe était plus important que les conneries personnelles entre eux. Les Ramones était ce qui comptait le plus pour eux.

La chose ironique, c’est que leur destin ne les laissera pas se réunir après leur ‘tournée d’adieu’. Le cancer a emporté Joey en 2001, les drogues ont pris Dee Dee (ou vice versa) en 2002, puis le cancer, encore une fois, a emporté Johnny. La promesse de Johnny disant que les Ramones ne se remettraient jamais ensemble s’est tristement confirmée.

Alors, oui, autant que vous ou moi pouvions aimer les Ramones, Johnny et Joey les aimaient davantage qu’aucun d’entre nous pourrait même le comprendre. Ils voulaient que l’héritage des Ramones reste pur. Et bien sûr, les autres d’entre nous aiment les Ramones. Johnny, Joey et Dee Dee nous manquent beaucoup. Et nous aurions souhaité les revoir ensemble, juste une dernière fois.

Mais le destin en a décidé autrement et, ironie du sort, il s’en est allé avec Johnny.

– John Holmstrom

Sur la Route avec les Ramones, Monte A. Melnick + Frank Meyer, article Jari-Pekka’s Ramones website, février 2013

SUR LA ROUTE AVEC LES RAMONES
Monte A Melnick + Frank Meyer

info du site
JARI-PEKKA’S RAMONES PAGE, 1 février 2013

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Le livre de Jari-Pekka RAMONES : SOUNDTRACK OF OUR LIVES,
un livre de mémoires (en anglais) truffé d’interviews, de textes,
photos et dessins, infos et commandes sur son site.

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(Article traduit de l’anglais par Paul Vincent, 2012 Rytrut)

Monte A Melnick, le road manager des Ramones a écrit avec Frank Meyer un livre génial intitulé On the road with the Ramones, dont la première édition a été publiée en 2003. Il s’agit de la biographie des Ramones la plus complète sortie à ce jour, couvrant également leurs années de jeunesse. Les informations publiées sur mon site ont beaucoup aidé Frank Meyer. En anglais, il y a eu trois éditions mises à jour.

Monte m’a annoncé en janvier 2013 que l’édition française venait de sortir sous le titre Sur la Route avec les Ramones. Le livre fait 312 pages et cette première édition est limitée à 1000 exemplaires. C’est publié chez Rytrut Editions, vous pouvez le commander ici. En recevant cette édition, je suis content pour les lecteurs francophones qu’il s’agisse de la dernière édition en anglais mise à jour. Le texte est traduit dans son intégralité et comporte toutes les images ajoutées. Rytrut n’a pas économisé sur le coût de l’impression : papier de qualité et impression parfaite. J’ai eu un échange par e-mail avec Thierry « Ladzi » Galai, de Rytrut, qui en est le traducteur. Ladzi a une grande connaissance du punk. Ryrut est une édition indépendante spécialisée dans les livres sur la musique, comme récemment Que La Farce Soit Avec Vous – Paroles 1978-2011 de Jello Biafra.

Début 2012, le livre été publié en hongrois, aux éditions Cartaphilus, et comporte un avant-propos supplémentaire de Tommy Ramone qui, comme vous le savez a émigré de Hongrie pour venir aux Etats-Unis – m’avait écrit Monte en février 2012. On the Road with the Ramones a aussi été publié en espagnol sous le titre De Gira Con Los Ramone, chez Muster Book, et en allemand, sous le titre Auf Tour Mit Den Ramone, chez Hannibal Verlages.

– Page web mise à jour le 01 février 2013

Jari-Pekka Laitio-Ramone

On the Road with the Ramones, Monte A. Melnick + Frank Meyer, chronique Eric Dennis, Blogs Critics, août 2009

SUR LA ROUTE AVEC LES RAMONES
MONTE A. MELNICK + FRANK MEYER

BLOG CRITICS

Book Review: On the Road with the Ramones by Monte A. Melnick and Frank Meyer Eric Dennis (Blog Critics) 14 aout 2008.

(Chronique traduite de l’anglais par Paul Vincent, 2012 Rytrut)

Histoire orale partagée d’un groupe et mémoires d’un tour manageur, Sur la route avec les Ramones est essentiellement la bible d’un fan des Ramones. Tour à tour hilarant et poignant, c’est un compte rendu sympathique du groupe, même s’il est brutalement honnête, raconté par ceux qui ont été témoins des nombreux hauts et les bas du groupe au cours de leur longue carrière musicale. Maintenant réédité avec plus de détails sur la mort récente de Johnny Ramone et une brève mise à jour concernant les membres survivants des Ramones, le livre de Frank Meyer et de Monte Melnick reste encore l’une des meilleurs biographies musicales parues.

Dans des rôles incluant tour manageur, père de substitution, chauffeur de van, punching-ball humain, intermédiaire lorsque certains membres du groupe ne se parlaient plus et, occasionnellement, sonorisateur – CJ Ramone compare le travail de Melnick à « essayer de faire du baby-sitting avec des enfants ayant des besoins particuliers.» – Melnick a été certainement un personnage clé dans l’histoire du groupe. Son livre, agrémenté de nombreuses photographies et contenant suffisamment de souvenirs pour rendre malade les zicos follement jaloux, est une lecture essentielle pour tous ceux ayant un intérêt constant pour l’histoire de la musique.

Bien que Melnick et bon nombre de parti au livre partagent une nette sympathie et une affection pour les Ramones, autant en tant que groupe que personnellement, il n’est pas question ici de dithyrambe déformant la réalité. En effet, la détermination que mettent les contributeurs pour traiter des défauts et des dysfonctionnements du groupe crée une bien meilleure compréhension de chacun des membres pris individuellement. Ce livre n’est pas tout à fait aussi direct, ou aussi choquant, que la récente histoire orale de Crystal Zevon sur son ex-mari Warren Zevon, mais c’est assez proche.

Parmi les quatre Ramones originels, c’est certainement Tommy qui bénéficie du traitement le plus sympathique. John Holmstrom, qui a réalisé le dessin de couverture, très dessin animé, affirme clairement que le groupe a « périclité quand Tommy est parti… Il était le ciment des Ramones. » Tommy s’est largement vu attribuer de mérites tout au long du le livre, pour avoir été un élément clé dans l’élaboration du son des Ramones. En effet, Tommy a produit les quatre premiers albums du groupe.

Le chanteur Joey Ramone est aussi essentiellement dépeint avec une grande sympathie. Et parfois comme étant parfois douloureusement maladroit et timide, beaucoup de commentaires sur Joey sont concentrés à la fois sur sa grande douceur et sur ses diverses affections physiques et mentales, notamment sur ses excentricités, probablement liées à ses TOC (longtemps avant qu’un nom ait été donné à cette maladie). Les récits concernant le décès du chanteur, mort d’un cancer en 2001, rendent parfois la lecture difficile et troublante.

Les commentaires concernant les deux Ramones originels Dee Dee et Johnny sont souvent loin d’être flatteurs. Alors que l’importante contribution au groupe de Dee Dee est reconnue (en tant que parolier de certaines des meilleures chansons des Ramones, il a même continué de fournir des chansons pour le groupe après avoir été évincé), bon nombre des interviews décrivent comment le bassiste se considérait lui-même comme une pelote à épingles pharmaceutiques qui, tour à tour, modifiait considérablement son comportement. La plupart des contributeurs s’accordent sur le fait que Dee Dee était une personne différente quand il était sobre, souvent calme, réservé et poli. Peut-être du fait d’être bipolaire ou d’avoir une double personnalité, de nombreux commentaires rappellent comment Dee Dee était intimidant et follement imprévisible en raison de sa consommation de drogue. Le photographe Bob Gruen affirme que le bassiste « avait l’habitude de se balader torse nu au milieu de la nuit avec une batte de baseball. C’était un type effrayant. Vous n’auriez pas voulu être sur sa liste noire. » Les additions de Dee Dee finiront par avoir raison de lui, avec une overdose accidentelle en 2002.

Beaucoup de commentaires sur le guitariste Johnny se concentrent sur sa détermination à instaurer de la discipline dans les Ramones pour la réussite du groupe. Un commentateur va jusqu’à dire que « Johnny était un super dur à cuire, mais… ils n’auraient probablement même pas été un groupe s’il n’avait pas pris le contrôle. » Même si cette détermination lui est aussi venue de ses antécédents, Johnny est souvent représenté comme étant lunatique, dominateur, agressif et militariste. Le musicien Cheetah Chrome dit : « On avait l’habitude de les appeler les Marones car Johnny était tel un sergent instructeur. ‘Ce ne sont pas des Marines – ce sont des Marones. »

La sensibilité de droite de Johnny et ses tendances racistes sont également la source de beaucoup de discussions. Ayant à un moment porté sur lui une carte de membre du KKK (et peut-être inspiré la chanson « The KKK Take My My Baby Away »), les contributeurs du livre ont des avis divergents quant à savoir si Johnny était raciste ou s’il essayait simplement d’agacer des gens. L’impresario John Giddings dit ironiquement que le guitariste « était plus à droite qu’Attila le Hun ».

Le livre est complété par une superbe collection d’images diverses. Les contributions des différents autres membres du groupe – Marky, CJ, Richie et Simplet (attendez, ce n’est pas le bon groupe) – sont finalement reconnues comme des éléments clés dans l’histoire du groupe. On discute de l’importance de l’équipe technique dédiée au groupe, et le livre présente de manière agréable ce que représente le travail fastidieux que nécessite une tournée. Les tournées incessantes du groupe, son héritage, et l’impact qu’il a eu plus tard sur les musiciens sont examinés sans aucune exagération, comme c’est parfois le cas dans ce genre d’histoires. Il y a plein d’anecdotes sur les bêtises et les plaisanteries faites dans les hôtels, certaines sont très juvéniles et donc extrêmement drôles, et cela permet de rompre avec le ton parfois lourd des commentaires. Avec des photos fantastiques et suffisamment de souvenirs pour satisfaire même le fan le plus connaisseur, ce livre est aussi une excellente histoire visuelle sur la manière dont groupe a été commercialisé et promu.

Pourtant, ce qui reste le plus frappant est que le groupe a pu surmonter ses dysfonctionnements durant plus de 20 ans. Les membres du groupe n’ont jamais été particulièrement proches. Melnick compare la relation entre Joey et Johnny à un mariage qui ne perdurent que pour le bien des enfants. Alors qu’en coulisses les membres du groupe avaient de sérieuses différences et devaient faire face à leurs propres démons, de l’avis général, ils étaient de parfaits professionnels sur scène.

Sur la route avec les Ramones raconte l’histoire du groupe avec beaucoup d’affection et grande honnêteté. Chaque membre du groupe est dépeint comme une personne, et non pas simplement à travers le stéréotype du punk ou du musicien. Tour à tour émouvante, déchirante et hilarante, cela reste l’étude la plus approfondie et la plus objective du groupe à ce jour.

– Eric Dennis

Interview de Monte A. Melnick, Sur la Route avec les Ramones, par Sylvain Nicolino, Obskure.com, janvier 2013

Sur la route avec les Ramones, Monte A. Menick + Frank Meyer, couverture © Jon Holmstrom

SUR LA ROUTE AVEC LES RAMONES
MONTE A. MELNICK + FRANK MEYER

Interview de MONTE A. MELNICK par Sylvain Nicolino
OBSKURE MAGAZINE, 8 janvier 2013

Quand l’Éditeur Rytrut m’a proposé un entretien avec Monte A. Melnick, le cinquième Ramone, manager du groupe présent des débuts jusqu’au dernier concert à Los Angeles, j’ai sauté sur l’occasion de poser quelques questions avec ce témoin privilégié.

Les réponses, laconiques, arrivent le jour-même. Ces Américains ne dorment-ils pas ? À la fin du mail, Monte m’encourage même à lui poser d’autres questions… Chiche ? Voici le résultat !

Sylvaïn Nicolino pour Obsküre Magazine : Combien de temps ça vous a pris avec Franck Meyer pour discuter et ensuite pour terminer ce livre, Sur la Route avec les Ramones ?

Monte A. Melnick : Franck et moi, nous avons travaillé un an environ sur le livre en parlant à plein plein de personnes qui ont fait partie du monde des Ramones.

Et que leur disiez-vous en les approchant ? Un nouveau livre sur les Ramones ? Quel était l’objectif principal de votre travail au départ ?

Personne n’était surpris que je mette à écrire un livre. Tous les gens étaient très contents de venir me parler. Le but principal de ce livre, c’est de donner un coup d’œil assez long sur les gens qui travaillaient dans et autour du groupe. Je raconte l’histoire des Ramones du point de vue d’un Tour Manager.

Est-ce que ça a été douloureux d’exhumer le passé ? Comment as-tu négocié tous ces souvenirs ?

C’était plus une expérience cathartique pour moi de faire ce bouquin. Voir enfin imprimé ce que j’avais vécu m’a vraiment fait du bien. Je pense aussi que mon histoire, mon point de vue a son importance du fait que j’étais présent du début de la carrière des Ramones jusqu’à la tout fin.

D’une certaine façon, je place ton livre en parallèle avec celui de Henry Rollins, Get in the Van. C’est aussi une histoire basée sur la vérité et la passion. Là, on a la réalité crue du métier de manager. En as-tu parlé avec d’autres managers pour avoir leurs opinions sur ce travail ? En as-tu rencontré durant la longue route passée avec les Ramones ?

Oui, j’ai rencontré plein de gens du monde de la musique durant toutes ces années. Dans mon livre je ne mentionne que certains d’entre eux.

J’ai l’impression de sentir comme une certaine déception au sujet de ce que Dee Dee a pu raconter dans son livre, sur ces propos concernant ton implication dans sa dépendance. Savoir tirer un trait sur ce genre de choses, est-ce la marque des gens les plus nobles ?

C’est plus simple : Dee Dee était un grand conteur… La plupart des anecdotes de ses livres sont des histoires réinventées, présentant les faits en sa faveur. Comme j’ai connu Dee Dee de très près, cela ne m’affecte pas, en fait.

Je comprends, mais est-ce que ce n’était pas dur de devoir expliquer à ta famille ou à tes amis que ce qu’il écrivait n’était pas exact ? Je ne cherche pas que tu te lances dans des polémiques, c’est juste un truc qui m’a suivi durant la lecture du livre, un certain manque de reconnaissance pour le travail effectué.

J’expliquais aux gens comment fonctionnait Dee Dee, les autres savait déjà qui il était et son mode d’action.

Et qui sont ces Sam et Al auxquels tu envoies régulièrement des cartes postales lors des tournées ? De nombreuses sont reproduites dans le livre…

Al a travaillé très tôt pour les Ramones comme roadie et Sam était un ami. Nous partagions tous une maison dans New York. Quand je partais en tournée avec les Ramones, je leur envoyais une carte du pays. Et du coup, je pouvais toutes les récupérer quand je revenais à la maison à la fin de la tournée.

Mais comment cela a-t-il été possible pour toi de construire une vie familiale pendant toutes ces années ?

C’est vraiment ça qui a été le plus gros problème. Voyager sans cesse ne va pas facilement avec une vie de famille. Il faut réellement avoir une famille très compréhensive qui arrive à accepter le fait que tu sois absent la majeure partie de l’année.

En parlant de famille, métaphoriquement, tu te vois plus comme le père ou la mère dans cette « Ramones family » ?

Le métier de Tour Manager recouvre beaucoup beaucoup d’aspects. Je ne devais pas simplement m’occuper d’un groupe de fous, mais je devais aussi travailler avec une équipe de dingues, d’autres managers, des labels, des promoteurs, les petites amies des uns et des autres, etc. C’était un vrai défi et un travail vraiment stressant, mais ça avait aussi plein d’aspects positifs, comme tous ces voyages avec la possibilité de découvrir le monde.

Tu ne réponds pas sur l’aspect psychologique du métier. Te sentais-tu comme un parent pour ces grands gamins ? Ou est-ce que tu te voyais comme un grand-frère ou un copain d’un type un peu spécial ? Il me semble à lire le livre que ton statut de cinquième Ramones est même en-deçà de la réalité. Il n’y a pas que les musiciens, sans toi, le groupe aurait splitté, non ?

Oui, c’est un peu tout ce que tu dis. Pour certains des quatre, j’étais un bon ami, pour d’autres, ça n’a pas dépassé la relation de travail.

Et aujourd’hui, où vis-tu ? Que penses-tu du fait que le dernier concert des Ramones ait eu lieu à Los Angeles et pas à New York ?

Je suis né à New York, j’ai grandi à New York et je vis encore à New York. Je pense que le dernier concert des Ramones aurait dû se dérouler à New York, mais Johnny vivait à Los Angeles au moment de la dernière tournée et il ne voulait vraiment pas revenir à New York pour y donner un concert.

Et que penses-tu de cette fermeture du CBGB ?

Tu sais, le CBGB original n’existe plus, il a été remplacé par une boutique de fringues de luxe Il y a quelques personnes qui songent à le ré-ouvrir dans un nouveau lieu, en respectant ce que ça a été. Ceci me semble une bonne idée.

Qu’as-tu aimé dans le travail de l’Éditeur français ?

Travailler avec Rytrut a été un vrai plaisir, ils ont su poser beaucoup de questions pour éclaircir le moindre problème de traduction rencontré en passant de l’anglais au français.

As-tu une anecdote sur ce culte qui entoure les Ramones depuis leur mort ? Pas que des histoires de fashionistas qui achètent des T-Shirts ou une étude du prix croissant des baskets Converse ?

C’est vrai que ça me surprend carrément de voir à quel point les Ramones sont devenus célèbres aujourd’hui. Ce sont des icônes du rock. Je dis souvent que si les Ramones avait été aussi célèbres lorsque je travaillais pour eux, j’aurais touché une putain d’augmentation ! »

Interview de Monte A. Melnick, On the Road with the Ramones, par Bob Ruggiero, Houston Press Blogs, février 2009

SUR LA ROUTE AVEC LES RAMONES
MONTE A. MELNICK + FRANK MEYER

HOUSTON PRESS

Blogs

Get Lit: On the Road with the Ramones

Interview de MONTE A. MELNICK par Bob Ruggiero, février 2009

(traduite de l’anglais par Paul Vincent, 2012 Rytrut)

De leur première apparence en 1974 à New York à leur dernier concert en 1996 à Los Angeles, huit frangins vêtus de cuir ont revendiqué le patronyme de Ramone. Mais si les parrains du punk-rock comptait un neuvième membre, ce serait bien sûr Monte Ramone. 2 263 concerts devant un public allant d’une poignée d’employés d’un club ennuyeux dans le Bowery, aux stades bondés avec des dizaines de milliers de personnes à l’étranger, chantant en chœurs leurs chansons. Monte A. Melnick a vu tout cela.

Il était le road manageur des Ramones, l’entrepreneur, le camarade, le confident, le frère de cœur, le solutionneur et beaucoup plus. Dans Sur la route avec les Ramones, Melnick partage ses expériences et fait intervenir plus de cinquante participants à l’histoire des Ramones. Initialement publié en 2003, incluant plus de 250 photos rares, il a récemment été réédité dans une version mise à jour.

Rocks Off s’entretient avec Melnick, qui travaille maintenant au musée du New York Hall of Science en tant que superviseur dans l’audiovisuel. Il parle de ses années avec les pinheads, les spécialistes du ‘1-2-3-4’, des seringues de Dee Dee, et il a navigué gentiment sur l’axe explosif entre Joey et Johnny.

Rocks Off : Alors, 2 263 concerts. En as-tu jamais raté un ?

Monte Melnick : Il y a eu quelques concerts au début, peut-être deux ou trois, où ils n’avaient pas les moyens de me faire venir !

Rocks Off : L’influence et la popularité des Ramones a seulement explosé ces dernières années. Il y a constamment des groupes qui les citent en référence, et on trouve maintenant leurs tee-shirts avec le logo du « Sceau présidentiel » dans tous les centres commerciaux.

Monte A Melnick : La moitié des gens qui achètent ces tee-shirts ne connaissent même pas le groupe ! C’est pareil pour les maillots du CBGB. Ça me laisse penser que si les Ramones avaient si populaires quand je travaillais avec eux, j’aurais certainement obtenu une augmentation ! Mais ça aurait été sympa qu’ils soient aussi importants lorsqu’ils étaient ensemble, à se se débattre, et qu’ils puissent profiter des avantages de cette popularité.

Rocks Off : Le choix des personnes interviewées pour ce livre, est-il le plus facile parce qu’aucune d’entre-elles ne pouvait douter de ton association avec le groupe ?

Monte A Melnick : Absolument ! Je connaissais tous ces gens personnellement, et très bien. Et ils ont craché le morceau sur beaucoup de choses. Un des avantages de faire une histoire orale est qu’ils ont dit des choses que je n’aurait pas voulu dire ! Il y a des anecdotes délicates pour lesquelles j’ai été heureux de laisser les autres en parler.

Rocks Off : Les photos sont incroyables. Surtout les instantanées.

Monte A Melnick : La plupart proviennent de ma collection personnelle. Le directeur artistique a été génial. Et mes photos sont répartis tout au long du livre. Dans la plupart des biographies musicales, vous avez quelques pages de photos glissées au milieu du livre.

Rocks Off : Était-ce difficile d’enlever des passages que tu aurais voulu inclure ?

Monte A Melnick : Oh oui. Il s’agit de plus de 25 années truffées d’anecdotes. Le livre aurait pu être facilement deux ou trois fois plus gros.

Rocks Off : Comme les Beatles, les personnalités des Ramones sont tombées dans une généralisation grossière : Joey était le cœur sensible, Johnny le sergent bourru, Dee Dee le défoncé de service, et Tommy le cerveau équilibré du studio. Dans quelle mesure cela est proche de la réalité ?

Monte A Melnick : Comme beaucoup de généralisations, c’est assez vrai. Mais il ne faut pas oublier que c’est ensemble qu’ils ont fait les Ramones.

Rocks Off : Que penses-tu du documentaire End of the Century ? Il y a beaucoup de d’honnêteté et des moments sans ménagements, particulièrement sur la rivalité entre Joey et Johnny qui a duré pendant de nombreuses années.

Monte A Melnick : Ça peut finir par être un peu déprimant, mais c’est l’histoire véridique ! C’est comme ça que ça s’est passé.

Rocks Off : Dans votre livre, vous citez un journaliste musical qui dit : « La saga des Ramones pourrait être résumer par le stress et le vieillissement sur le visage de Monte. » C’est vrai ?

Monte A Melnick : (rires) Ouais, Ouais ! Tu sais, c’était un travail difficile ! Y a qu’à voir la tête du Président après quatre ans de mandat !

Rocks Off : Mais le Président n’a qu’à gérer les relations diplomatiques entre pays belligérants. Toi, tu devais gérer Joey, Johnny, Dee Dee et Marky.

Monte A Melnick : Eh bien… c’était intéressant !

Rocks Off : As-tu souvent des nouvelles des survivants du groupe ? Tommy, Marky et C.J. ?

Monte A Melnick : Faut pas oublier Richie et Elvis !

Rocks Off : Eh bien, je n’avais pas prévu de parler de Richie, en fait. Il avait poursuivi le groupe en justice pour ne pas avoir été crédité pour l’écriture de chansons et dans les histoires sur le groupe, c’était le ‘Ramone Perdu’. Je ne savais pas à quoi ressemblait la relation que vous aviez.

Monte A Melnick : Pas bon (rires) ! Il habite à Phoenix. Il avait juste disparu et ne voulait plus rien à voir avec les Ramones. Il n’est même pas vu venu récupérer ses royalties ! J’ai essayé de lui parler pour le livre, mais il n’a pas voulu. Je suis toujours très amis avec Tommy. Il a un duo de bluegrass maintenant ! Marky fait une émission à radio Sirius/XM à laquelle j’ai participé quelques fois. C’est un bourreau de travail, il fait encore la route et joue des chansons des Ramones. Je suis tombé récemment sur C.J. Il est venu au Hall of Science avec ses enfants, et il joue encore dans des groupes. Et Elvis va très bien ! [Clem Burke, batteur de Blondie et brièvement des Ramones]. Il aurait vraiment voulu être un Ramone, mais ce n’est pas tombé au bon moment. Il lui aurait fallu plus de temps pour apprendre les chansons, et nous devions partir en tournée, puis Marky est revenu.

Rocks Off : Je n’ia vu les Ramones qu’une fois, à Austin, Texas, en 1990. C’était lors de la tournée au « Escape From New York » [avec Deborah Harry de Blondie et Tom Tom Club avec Jerry Harrison, 3/4 de membres des Talking Heads]. Les Ramones sont passés au milieu de l’après-midi, sous un soleil éclatant, mais ils était tous vêtus de cuir.

Monte A Melnick : L’ordre de passages des groupes était rotatif sur cette tournée. C’était étrange de jouer dans ces Festival en plein soleil.

Rocks Off : Des souvenirs particuliers de dates à Houston ou au Texas ?

Monte A Melnick : Le Texas était toujours un endroit idéal pour nous. Houston a toujours été une bonne ville… J’oublie les noms des clubs où nous avons joué. Une fois, à Austin, certains d’entre nous sont allés Barton Springs [pour nager]. Joey était avec nous.

Sur la Route avec les Ramones, Monte A. Melnick + Frank Meyer, chronique Sylvain Nicolino, Obskure.Com, janvier 2013

Sur la route avec les Ramones, Monte A. Menick + Frank Meyer, couverture © Jon Holmstrom

SUR LA ROUTE AVEC LES RAMONES
MONTE A. MELNICK + FRANK MEYER

par Sylvain Nicolino OBSKURE.COM, 6 janvier 2013

Les Éditions Rytrut se sont associées à plusieurs autres structures (Slime Zine, Emergences Records, Contre-Choc, Everyday is like Sunday, Didier DDD et Le Bruit des Caves) pour publier Sur la Route avec les Ramones.

Le contenu dense, comme toujours avec cet éditeur, présente les différents membres du groupe emblématique de la première scène punk new-yorkaise ainsi que le parcours chaotique mais cependant rectiligne de leur création. C’est Monte A. Melnick, souvent présenté comme le « cinquième Ramone » qui est au centre de l’étude. Manager, roadie, conducteur, assistante sociale, psychologue d’urgence, ami : c’est grâce à lui que le groupe a traversé tous les obstacles, personnels et professionnels.

On retient habituellement des Ramones le fun des mélodies et l’acidité d’une réputation de Dalton’s du punk-rock, mettant en avant la probable stupidité des musiciens et leur singulier look digne de ce que les BDs rock’n’roll donneront par la suite (on pense bien sûr à notre Margerin national). Ce livre, en allant au fond des choses dévoile une vérité toute autre et impose le respect.

Musicalement, les titres des Ramones sont devenus des tubes, directs, efficaces, variés et tapant juste à chaque couplet et refrain. Sur le plan humain, ce voyage dans l’envers du décor révèle les difficultés incroyables que Dee Dee, Joey, Johnny ou encore Tommy, CJ, Marky ont eu à vivre cette vie-là. Double réussite, donc, musicale (on le savait) et humaine (on le découvre mieux).

La vie de manager ne peut se conjuguer avec les fêtes à outrance : Monte A. Melnick a été souvent obligé de rester sobre, seul à bord, pour assurer toute la logistique du groupe en tournée. Les détails des trajets, des réservations d’hôtels, des contrats avec des salles, des ennuis de passeport aux pages toutes remplies, des restaurants à retenir, des bières à trouver et même les emplois du temps respectifs pour enregistrer des disques sont une riche source d’enseignements sur ce métier bien prenant. Un travail sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Une tournée, c’est à la fois des grandes vacances et un boulot interminable. En première ligne face aux désirs et caractères de toute une équipe, face aux vols de camion et à la nécessité de remplacer tout le matériel pour la date suivante, Monte ne tire néanmoins pas la couverture à lui mais dit, dans de courts et nombreux extraits d’entretiens, ce que fut sa vie. C’est le journaliste Franck Meyer qui discute avec lui, sur un ton détaché, donnant aussi la parole aux divers protagonistes et artistes de la période, obligeant chacun à réagir, à remonter le temps et à raconter ce que furent les Ramones.

Avec eux, on voit revivre le studio Performance où les New York Dolls pouvaient croiser Blondie, la compilation Nuggets fait résonner sa pop-rock bubble-gum, les groupes influents s’appelaient les Dead Boys, Stooges, Television, Talking Heads, The Dictators, les Runaways ou les oubliés Bay City Rollers. Paul McCartney faisait encore rêver jusque dans son nom d’emprunt pour louer des chambres d’hôtel (Paul Ramone, d’où le nom du groupe…), une époque revit, du temps où chez Disneyland, le public ne pouvait pas avoir les cheveux longs… Cependant, la discussion évite le piège de la chronologie trop précise et préfère aborder les choses par thématiques. Les enfances de Joey, Johnny et Dee Dee sont éloquentes et révélatrices de ce qui surviendra. La pseudo vision politique de Johnny est passée au crible de la désintoxication, entre provocation et manque de repères.

Le livre décolle vraiment lorsqu’en janvier 1975, dans ce qui n’est encore qu’un quartier pourri de Manhattan, les Ramones passent à l’action au CBGB : ils ont le look, l’attitude, la musique, la bonne sono, les paroles nappées d’humour noir. La recette terriblement efficace ne variera plus.

Rétrospectivement, pour ceux qui ont connu les Ramones comme une référence fondamentale (tous ceux ayant moins de 45 ans, en gros), il est étonnant de voir que le succès ne fut pas présent, du moins pas comme on aurait pu le croire. Les tournées s’enchaînent, les disques sortent régulièrement, le groupe vit. Mais, aucun titre du groupe ne passe sur les grandes radios américaines, rebutées par l’image du punk qui se télescope sur les parrains que sont les Ramones. Le milieu des émissions indépendantes est bien trop restreint pour faire un succès et les journalistes, ainsi qu’une partie du public, ont peur de ce groupe dont chaque membre semble prêt à la bagarre… Le mutisme des Ramones n’est pas qu’un style de vie. C’est aussi une caractéristique humaine. Les uns et les autres souffrent de handicaps dans leurs relations humaines. Non seulement leurs enfances ont laissé des traces douloureuses dans l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes, mais en plus les conditions de vie du groupe les coupent d’une destinée « normale ». Joey, Johnny et Dee Dee grandissent seuls, le groupe ayant happé la fin de leur adolescence ; leurs vies sont dévolues à la musique. Les troubles obsessionnels compulsifs de Joey sont ainsi décrits (de bonnes informations médicales sont reproduites), les douleurs liées à l’amour partagé entre Johnny et Joey pour Linda, les changements de caractère de Dee Dee et la souffrance causée par les abus…

Le groupe ne se parle plus, mais continue à vivre pour sa musique, persuadé qu’un jour la reconnaissance sera là, incapable sans doute de vouloir autre chose. MTV ne passe pas leurs clips (pourtant judicieusement tournés comme avec cet unique plan-séquence sur « I wanna be sedated »), les Ramones deviennent progressivement cultes sans avoir de tubes… Les maisons de disques se refilent le groupe, sans savoir comment faire progresser significativement sa réputation. L’arrivée de CJ, le baby-Ramone donne un second souffle à ces vétérans, leur permettant la jonction avec les années 90 et assurant ainsi leur emprise sur trois décennies de musiciens. Aujourd’hui, si Les Simpsons assurent le mythe en faisant des quatre des héros de dessin animé, les fashionistas achètent en magasin branché l’un de ces T-shirts (la mise en place du merchandising est d’ailleurs l’objet de belles passes d’armes) qui assurent une soit-disant crédibilité punk-rock. Triste destinée que trois des Ramones ignoreront, heureusement.

On sort du livre, non pas conquis (qui ne l’était pas?) mais attendri par le tragique et le burlesque de ces vies cassées qui ont malgré tout réussi à donner leurs meilleures pulsions au rock. Il est frappant de s’interroger sur ce que serait devenu chacun d’eux sans le groupe. La musique leur a permis de surmonter leurs troubles, leur a donné l’illusion d’une famille tout autant que la grâce de concerts volés à la malchance, à force de talents, à force de travail. Des ouvriers du punk-rock, à mille lieux de l’escroquerie ironiquement déployée par la bande de McLaren…

Cerise sur le gâteau, en plus des très nombreux visuels en couleurs (dont flyers, affiches, pass backstage, cartes postales envoyés par Monte, photos personnelles…), le livre dresse la liste des concerts de 1974 à 1996 et s’enrichit de quatre marque-pages collectors : 1, 2, 3, 4 !

Sur la Route avec les Ramones / Au coeur de la Machine écrit par Monte A. melnick et Franck Meyer 312 pages